Accueillir ce qui cloche

  • ACCUEILLIR CE QUI CLOCHE

    Donner la parole à ceux qui reçoivent et accompagnent dans les institutions les sujets en situation de désinsertion, voire d’exclusion, c’était le désir de Geneviève Valentin et du bureau de ville de Valence ce Mardi 14 Mai. Marie-Cécile Marty donnait par sa présence un caractère exceptionnel à cette soirée à laquelle 35 personnes participèrent.  Il nous était annoncé une clinique des seuils en présence de l’équipe mobile « Précarité » du Valmont, venue en nombre, invitée par Anne-Marie Meiser à parler de ses pratiques. Sujets précaires, « inadéquats » pour l’administration hospitalière, ce furent les cas de Michel, Alain, Pierre, Marc et la Dame au vélo présentés dans des vignettes cliniques issues du groupe d’élaboration de la pratique qu’elle anime. Puis Clémence Pannetier psychologue d’insertion nous a présenté toute la richesse et la finesse de son travail auprès de Madame V.

     

    Comment « intercepter » Michel lors d’une marche collective pour qu‘il dise sa difficulté à faire avec l’autre dans la pension de famille qu’il doit « habiter » ? Saisir le point qui va permettre ce dire, c’est toute la finesse de la soignante qui le suit.  Alain « gardien du vivarium » et l’usage singulier qu’il fait des animaux qui peuplent sa maison ne fait-il pas le diagnostic de la limite entre vivants et morts ? Pierre et son circuit autour de l’objet-déchet ne tente-t-il pas de mettre un peu de séparation d’avec cet objet : un véritable travail qui l’occupe à longueur de journée ? Le soignant est là pour l’entendre.  Marc, aux mots « pas très bien définis », qui cherche à loger son corps dans un nouvel appartement, adresse son angoisse à la soignante présente à ce qu’il vit. Elle ‘comprend ‘ dit la soignante. La Dame au vélo, grâce à sa chute et sa cheville cassée, est délogée de la rue. Les débats politiques avec l’infirmier permettent une rencontre d’une heure par ci par là. Ce dispositif mis en place veille sur elle, de loin. Une pratique délicate que les soignants présents à cette soirée nous ont enseignée. Clémence Pannetier, psychologue « d’insertion », nous a présenté le cas de Madame V. Il nous a permis de repérer les actes que Clémence pose pour que le lien qu’elle établit entre elle et la bénéficiaire du RSA ne se casse pas. Lien fragile qui demande souplesse et désir. Le rapport intime que Madame V. entretient avec l’objet oral la recentre, l’ordonne : elle n’est plus celle qui erre dans le langage. C’est une boussole précieuse pour la psychologue. 

     

    Cette soirée était riche d’échanges grâce aux deux écrits très vivants, issus de la pratique , qui nous étaient proposés. 

     

    ​​​​Marie-Jo Grand