Echo de la conversation avec J-C. Maleval

  • Echo de la matinée du 14 janvier 2023 en présence de Jean-Claude MALEVAL

     

    réalisé par Emilie Diallo

    Jean-Claude Maleval, psychanalyste membre de l’ECF et de l'AMP, universitaire émérite, est venu à Lyon le 14 janvier, invité par un cartel de l’ACF-RA, autour de son dernier livre : La différence autistique. Ce fut une matinée très enseignante, de par l’érudition de Jean-Claude Maleval, mais aussi grâce à la très riche préparation de l’échange par le fameux cartel que nous ne pouvons que remercier.
    J’ai pour ma part beaucoup appris. Notamment, qu’est-ce donc que ce « bord » dont on parle dans la clinique et le traitement des autistes ? Et bien, nous explique Jean-Claude Maleval, c’est l’objet que l’autiste investit massivement, et qui lui sert pour se protéger de son désir. Vous avez dit désir ? C’est à dire ? Disons que l’autiste place sa jouissance en excès sur ce bord, à l’extérieur de lui-même, et se protège ainsi du vivant qui l’angoisse. Ce bord peut être ce qu’on appelle communément l’objet autistique, un double, ou un intérêt spécifique. Le bord capture l’objet petit a de l’autiste ; l’autiste a ainsi son objet petit a à la main. Jean-Claude Maleval nous enseigne qu’il y a du désir chez l’autiste mais qu’il est étouffé par le bord. Dans le processus d’aliénation-séparation qui permet au sujet d’émerger, la séparation ne s’est pas opérée, la perte n’est pas assumée, elle est « intermédiaire » ; l’autiste en garde une certaine maîtrise. C’est alors au clinicien orienté par la psychanalyse de travailler avec ce bord dans un doux forçage pour tenter d’amener le sujet à émerger… Il ne s’agit donc pas du tout, dans le traitement d’un sujet autiste, d’interpréter l’angoisse ou les formations de l’inconscient. Il s’agit bien plutôt de mettre en acte l’inconscient de l’autiste en instaurant un bord, de déployer un transfert sous la protection du bord, de limiter parfois aussi l’excitation autour de ce bord. Travailler donc autour du bord que l’autiste peut s’être construit.
    Voilà un extrait de ce que Jean-Claude Maleval a pu nous transmettre, et cette matinée fut dense… Savoir à découvrir, savoir à inventer ; vive la clinique du désir !