Echo de la soirée Brèves des cartels

  • Echo de la soirée Brèves de cartel
    Echo de la soirée Brèves de cartel
  • Écho de la soirée de Grenoble

    Brève de cartels "La femme n'existe pas"

    C’est en résonnance avec le thème des prochaines Grandes Assises de l’Association Mondiale de Psychanalyse que 3 cartellisant(e)s ont choisi de tenter de parler de l’aphorisme tonitruant de Lacan « LA femme n’existe pas ».

    De ces trois interventions, je retiendrai ce qu’elles ont de commun à savoir comment aborder ce qu’il n’y a pas et ce que l’on peut trouver à cet endroit-là.

     

    « La définition de la féminité ne nous laisse pas tranquille, dit Christiane Alberti dans son argument des Grandes Assises virtuelles internationales de l’AMP. Elle ajoute : l’être que la parole nous décerne est peu consistant, insaisissable, ce qui nous entraine dans une passion du mot juste qui dirait enfin l’être féminin authentique. »

     

    Ce qui m’a intéressée au long de cette soirée, c’est la façon dont chacun(e) cherche à cerner ce vide, ce hors sens du mystère de la position et de la jouissance féminine, aux prises avec le seul outil à notre disposition : la langue …

    Amélie Vindret propose une affinité entre la logique du pas tout phallique de la position féminine et l’invention qui suppose une plongée dans l’inconnu, dans un lieu où il n’y a pas de savoir-faire avec la matière sonore et où il n’y a pas ce qui est advenu (faisant référence au séminaire Encore et à l’ouvrage de Marie-Hélène Brousse[1]). L’invention est un surgissement, et non une élaboration, ce qu’on sait faire avec lalangue dépasse de beaucoup ce dont on peut rendre compte au titre du langage indique Lacan dans son séminaire Encore.

    Henri Jacquin nous amène sur la piste de l’éprouver, ce lieu vide de savoir, cet indicible de la jouissance féminine non pris dans la dimension du fantasme qui se rapproche de lalangue, c’est à dire d’une dimension qui manque à être articulée dans la chaîne signifiante. Il reprend ainsi la question lacanienne : « Que sait une femme ? » en s’éclairant du propos de Pierre Naveau[2]. Il nous propose l’hypothèse que Lacan ne s’avance à parler de la jouissance féminine que dans la mesure où elle fait surgir une interrogation concernant le rapport entre le savoir et la jouissance. Il s’agit d’un point logique majeur, au-delà de la jouissance phallique, la jouissance féminine.

    Anne-Laure Pellat suggère qu’aller à la rencontre du féminin, c’est aller à la rencontre d’un lieu vide où l’on peut rencontrer quelqu’un qui cherche à faire entendre quelque chose qui ne peut pas se dire.

    Au cours de ce voyage dans les différentes périodes de l’enseignement lacanien, plusieurs interrogations sont arrivées sur l’au-delà du phallus qui concerne la jouissance féminine. Qu’a voulu nous indiquer Lacan en choisissant ce terme d’au-delà ? Fait-il référence à une topologie en lien avec le tableau de la sexuation ? Ou bien à ce « il n’y a pas ce qui est advenu », cet instant où le corps parlant coïncide avec plus personne, une forme de désubjectivation comme le dit Marie Hélène Brousse ? Notre questionnement en est resté là …

    Pour conclure sur les réflexions que m’ont inspirées cette soirée particulièrement riche d’enseignements et d’échanges, je reprendrai les propos de Christiane Alberti toujours dans l’argument des Grandes Assises : La voie du symptôme nous féminise, alors que le fantasme bouche notre manque ontologique. Elle ajoute que Lacan préconise la voie de la lettre, c’est-à-dire du hors sens (dont l’invention poétique est capable par exemple) pour tenter de se dégager du discours avec lequel il est impossible de parler hors genre et hors corps.

    Par Laurence Pailly

    [1] M-H. Brousse, Mode de jouir au féminin, Paris, Navarin Éditeur, 2020

    [2] Que sait une femme ? – Pierre Naveau, La Cause du Désir 2012/2, p.27-30.

     

     

     

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