Echo de la soirée ciné-débat "Raining stones"

  • Echo de la soirée ciné-débat
    Echo de la soirée ciné-débat "Raining stones"
  • Echo de la soirée ciné-débat « Raining stones » de Ken Loach du 14.11.2022 à Valence

     

    par Rafaële Nalon

    Trombes d'eau et brouillard majuscule, je passe le col qui me permettra d'atteindre Valence où se tient ce soir le ciné-débat autour de « Raining stones » de Ken Loach. Perspective réjouissante, mais qui bravera la météo ?
    Pierre Forestier, psychanalyste à Lyon, membre de l'ECF et de l'AMP, discutant de la soirée, a réussi à atteindre à temps le cinéma Le Navire où nous accueille Rémi Labé, directeur toujours
    enthousiaste pour l'organisation de ciné-débats.
    Le film est projeté dans la grande salle car c'est une copie pellicule, le film n'ayant pas été numérisé. Les cinéphiles s'en réjouissent, certains sont même venus d'abord pour cela. Mais le public semble bien clairsemé dans ce lieu. « Raining stones » est un film de 1993, pas le plus connu de Ken Loach malgré ses prix, beaucoup de spectateurs le découvrent ce soir.


    Bob est chômeur, comme tant d'autres dans sa ville dévastée. Avec son ami Tommy, il tente de toutes les façons, parfois plus ou moins légales, de gagner quand même sa vie. Tromper la misère
    avec une détermination qui force le respect, même quand les combines des compères prêtent à rire.
    Quand sa fille doit faire sa communion Bob met un point d'honneur à lui offrir une robe neuve. Ce n'est pas raisonnable, pas nécessaire mais absolument indispensable pour lui. Les tuiles, les raining stones, s'abattent toujours plus sur lui pour arriver au drame. Face à un usurier féroce et terrifiant Bob s'écrie « Tu ne peux plus rien me prendre, je n'ai plus rien à perdre », empêché de feinter plus longtemps face au malheur, il lui reste le passage à l'acte. Le curé qui dissuade Bob de se dénoncer pour l'accident qu'il a provoqué est d'une humanité bouleversante, sa position face au drame, d'une éthique admirable, nous fait entendre la voix du cinéaste lui-même. Ultime élégance, Ken Loach déjoue le drame avec malice et tout finit bien, ce qui n'est pas si courant dans son cinéma.

     

    La discussion porte sur sur toutes les nuances qu'on peut entendre entre ce que la situation globale peut avoir d'absolument désespérant et l'espoir qui persiste pour l'individu dans son cercle familial et amical. Pour Bob et ses collègues c'est raining stones chaque jour de la semaine, mais pas sans les liens vivants aux autres. Pierre Forestier apporte un éclairage précieux issu de sa longue pratique au CPCT de Lyon : chaque un doit avoir la possibilité de dire et d'être entendu pour qu'à partir de ses dits puisse se construire une solution forcément unique, la sienne, qui ouvre à la possibilité d'un rebranchement sur l'autre social. La robe de communion, pas utile mais essentielle pour Bob est le signe de sa dignité, de son refus de plier face aux contingences. Céder en empruntant une robe comme le propose le curé reviendrait à abdiquer toute fierté, impossible pour lui, et en cela il force le respect.