Echo de la soirée ciné-psychanalyse

  • Écho ciné-psychanalyse du 29 novembre à Annecy - "Le ravissement" d’Iris Kaltenbäch

     

    par Maud Diederichs--Bridoux
    Ce mercredi 29 novembre, en partenariat avec le cinéma Les Nemours, le bureau de ville d’Annecy a proposé une soirée autour du dernier film d’Iris Kaltenbäch. Le ravissement porte sur la polysémie et l’ambigüité de ce mot, ébahissement, qui devient éblouissement, aveuglement, et rapt.

    À l’issue de la projection, le fil de lecture qu’ont proposé Philippe Michel, psychanalyste membre de l’ECF et de l’AMP, et Gilles Biot, membre de l’ACF, détricotait la question du fantasme, celui d’être mère, d’avoir un enfant, qui soutient l’héroïne dans la vie et à la fois voile le réel de son insoutenable solitude.

    Tout au long du film, une voix off, dont il n’est pas d’emblée donné à cerner de qui elle émane, tente de redonner la parole à l’héroïne, qui paraît dépourvue de mots pour verbaliser son vécu et ne peut qu’agir. Nous rencontrons Lydia, une jeune femme qui dans les premières scènes est quittée par son compagnon, et apprend la grossesse de sa meilleure amie. Nous la découvrons ensuite sage-femme, maïeuticienne, très impliquée dans son métier au sein d’un service de maternité, en dehors de quoi elle paraît errer, en tout ou rien. Dans l’une de ces errances, elle rencontre Milos, c’est par sa voix qu’est narrée l’histoire. Dans une forme de pensée maïeutique, il tente après coup de comprendre l’incompréhensible, de saisir ce qui l’a poussée à l’acte. Nous observons Lydia dans une relation en miroir, en « vases communicants », avec son amie enceinte. Lydia la suit durant sa grossesse, l’ausculte, l’assiste dans son accouchement, le vivant par procuration. Nous la voyons s’attacher au bébé, qu’elle a suivie in utero et fait naître, mise au monde, comme si elle en était la mère. Nous percevons Lydia très seule, comme sans filiation. Elle s’imagine être la mère du bébé, et dit à Milos qu’il en est le père. Nous sommes témoin de la façon dont elle s’enlise dans un mensonge causé par son besoin d’être aimée. Ce bébé la ravi, puis elle la ravit. C’est en Normandie, au bord de la mer, lieu qui lui évoque sa grand-mère, que Lydia peut se séparer de cette enfant, accepter la perte. Le fantasme évolue, de la mère à la femme, où quand elle perd l’enfant, Lydia n’est plus réduite à l’image de mère qu’elle s’est façonnée, et se rend compte qu’elle peut être désirable, désirée par Milos, sans être mère.