Echo de la soirée du 22 juin Brèves de cartel

  • Soirée Brèves de cartel, Cartel sur L'acte analytique de Jacques Lacan
    Soirée Brèves de cartel, Cartel sur L'acte analytique de Jacques Lacan
  • Une soirée inter-cartels a eu lieu à Grenoble ce 22 juin 2021 au cours de laquelle 6 cartelisants ont exposé leur travail sur le thème de l’Acte psychanalytique. Ces travaux viennent conclure deux années de travail dans le cartel qui avait pour sujet de lecture et d’étude le Séminaire 15 de J.Lacan : « L’acte psychanalytique ». Chaque cartellisant a transmis aux auditeurs présents le sujet de travail qui l’a guidé durant cette lecture et a évoqué la difficulté qu’il a rencontré pour appréhender le réel de l’acte du psychanalyste.

    La démonstration a été faite avec cette soirée que le cartel est un dispositif où l’étude par l’échange entre cartelisants détermine un gay savoir et que celui –ci peut être transmis. 

    Qu’est ce que l’acte analytique de Lacan ? Telle est la question principale qui a été le fil des exposés des participants du cartel. Chaque cartellisant a pu dire les points qui ont fait difficulté et les notions ou concepts qui ont nécessité une recherche pour les appréhender. Ainsi en est-il de la notion d’ « artéfact de la langue » et de la proposition que l’expérience analytique consiste dans le fait d’user l’artefact de la langue, temps incompressible de l’expérience pour en atteindre la fin. Ou bien cerner le nombre d’or et son usage par Lacan dans le rapport sans limite que celui-ci instaure, nécessite l’apport de précisions mathématiques. C’est la même chose concernant l’usage de la topologie et de la logique mathématique par Lacan comme le groupe de Klein par exemple.

    Les exposés ont souligné que l’acte psychanalytique est l’invention de Lacan qui a pour visée d’élucider les coordonnées fondamentales de l’expérience, la formation de l’analyste en situant la logique du passage de l’analysant à l’analyste. L’acte est d’abord celui du psychanalyste. C’est cet acte quand il se réalise qui est inscrit à l’entrée de l’analyse et qui ouvre à la destitution subjective de l’analysant. Mais il détermine aussi la fin de l’analyse, à savoir le passage de l’analysant à l’analyste.

    L’acte du psychanalyste, pris comme instant décisif, produit une coupure en séparant un avant et un après sa survenue ce qui a pour effet de changer la modalité du dire de celui-ci.  Il permet un nouveau rapport de l’analysant au savoir et à la vérité. Cet acte trouve dans l’institution du sujet supposé savoir le vecteur qui permet le transfert et l’inscription de l’analyste en place de réel et d’objet (a).  

    L’acte analytique est bien du ressort de la praxis et donc il n’est pas un concept. En effet il opère à partir d’un dire de l’analyste qui a pour effet d’entrainer une mutation, que Lacan appelle un « retournement ». Le sujet qui par l’acte analytique devient sujet aliéné aux signifiants, a à se faire à la castration que détermine la parole et ce faisant à se faire à son manque à être, ce qui aura pour conséquence de rendre possible l’advenue ultérieure de sa place d’objet (a). Atteindre ce point implique le moment de reversion.

    C’est le silence du psychanalyste qui fait résonner l’impossible dans la parole et qui vise la faille du sujet supposé savoir. L’aperçu de cette faille par l’analysant commande la fin de l’analyse pour lui. De cette faille Lacan en donne les coordonnées précises à savoir : il n’y a pas d’Autre de l’Autre. Ainsi, il est inscrit dés le départ de l’expérience un reste de l’opération analytique qui se révélera à la fin et qui est ce qu’on peut appeler l’incurable. Cet incurable fait limite à l’acte.

    Le dispositif de la passe, qui est la conséquence de cette invention de l’acte du psychanalyste par Lacan, est l’instant que peut saisir l’analysant pour témoigner, auprès du cartel de la passe, en quoi l’acte du psychanalyste a déterminé pour lui, l’expérience de la parole comme jouissance et comme aboutissement avec le moment de la fin de l’analyse, qui est le temps pour conclure.  

                                                                               Le 23 juin 2021

    Thomas Burkovic