Echo de la soirée "l'acte analytique - appliquée à la pratique du CPCT"

  • Écho de la soirée du 8 novembre 2023 à Lyon
    « L’acte analytique – Appliqué à la pratique du CPCT »

     

    Par Marie-Cécile Marty
    La soirée préparatoire aux J53 sur le thème « Interpréter, scander, ponctuer, couper » organisée par l’ACF et le CPCT a donné lieu à un formidable aperçu de la manière dont un psychanalyste, par son acte, opère avec la dimension du réel hors loi et hors sens. Une plongée dans une pratique inédite soutenue par le désir de l’analyste : « vous verrez que c’est le forçage par où un psychanalyste peut faire sonner autre chose que le sens. 1 »

    Au cours de cette soirée, quatre vignettes cliniques ont été présentées par les praticiens du CPCT. La discussion qui a suivi, animée par Nicole Borie et Geneviève Valentin, psychanalystes, membre de l’ECF et de l’AMP, a permis d’extraire le vif de cette clinique.


    Désordonner la défense. Comment, avec la parole, faire une entaille dans le bloc d’un discours tout fait ? Comment opérer sur la certitude d’un sujet ? Une contingence au CPCT désordonne la défense de la bonne façon grâce au transfert. Cela donne lieu à un vacillement, contre toute attente, entrouvre à l’émergence d’un point de subjectivité.  Le sujet « supporte, grâce au transfert, l’expérience qui aurait pu être une épreuve » comme le souligne Nicole Borie.
    Faire signe d’autre chose. Comment accueillir une parole directe, sans ombre, sur le trauma sexuel ? Repérer que l’attentat subjectif a atteint le sentiment de la vie du sujet permet l’acte analytique qui règle l’engouement à dire et à mettre du sens là où il n’y a qu’indicible. Alors, le sujet se « loge dans ce qu’il dit ». Cela donne un autre relief au fait de parler à quelqu’un.
    Permettre au sujet de se reconnaitre. Comment arrêter le récit des images et paroles terrifiantes qui fragmentent le corps du sujet ? Comment arrêter les propos diffluents qui éparpillent un peu plus son corps ? Reconnaitre l’importance du partenaire du sujet fait interprétation et lui permet de se situer là où il n’y avait auparavant qu’étrangeté. Cela produit une pacification, une domestication de son agitation mentale et motrice.
    Introduire un signifiant anodin. Au milieu des vociférations qui envahissent le sujet, comment se parler ? S’avancer en se risquant à introduire un signifiant anodin permet au sujet de se voir dans le tableau et autrement. L’intervention produit une coupure qui fait tomber la grogne. La coupure fait porter une barre sur la pulsion invoquante. Il est alors possible de se parler un peu, sans trop et s’écrire.


    Acte et interprétation. L’interprétation fait entendre bien plus qu’elle ne délivre un message. La clinique au CPCT est une clinique à l’heure du réel. Ainsi, l’acte de l’analyste, qu’il s’agisse de coupure, de ponctuation, de scansion, fait interprétation. L’acte analytique introduit un nouvel élément dans la chaine des répétitions, et ouvre potentiellement à une nouvelle lecture dont le sujet peut s’en-parer. L’acte vise « une pause, un silence, une stabilisation » 2 pas sans le désir de l’analyste et sa propre expérience de la cure.

     

    1 Lacan J., Le séminaire, livre XXIV, L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre, leçon du 19 avril 1977, Ornicar ? n°17/18, p.15.
    2 Laurent É., « Interpréter la psychose au quotidien », Mental, n°16, 2005, pp. 9-24.