Echo de la soirée : Qui dit norme, dit mal ?
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Echo de la soirée : Qui dit norme, dit mal ?
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Entre hors normes communes et norme mâle réinventées
Cette belle soirée a introduit à Lyon la préparation des 51èmes journées de l’ECF « La norme mâle ». Ce drôle de jeu de mot est avancé par Lacan dans l’Étourdit. Il le mettait au principe de la névrose tout en le présentant aussi comme une interrogation ironique de la norme et du normal.
En collaboration avec les trois laboratoires du Cien (Centre Inter-disciplinaire sur l’ENfant) de Lyon et le Cereda avec le Petit Hans, la diversité de quatre présentations a résonné avec la pluralité des rubriques des journées. Martine Matteudi, membre du groupe Petit Hans, a ouvert la soirée avec un travail clinique très fin auprès d’une jeune fille faisant face au réel féroce de la voix et à l’énigme douloureuse de son être sexué sans le soutien du Nom-du-père. Patricia Liébeaux, membre du CIEN, proviseure d’un lycée professionnel, nous a enseigné ce qu’il en est de l’usage de la norme mâle lorsque 500 jeunes garçons se retrouvent ensemble pour apprendre un métier traditionnellement réservé aux hommes, tandis que le lycée n’accueille que 4 filles ! Dans ce cas une forme de paternalisme instituée n’est pas sans réguler ce qui de la jouissance se dérégule avec la métamorphose du corps des adolescents. Il importe alors de « bousculer la norme pour qu’advienne la singularité », ce qui est subtil et requiert d’intervenir au bon moment, non sans tact. Marion Palle et Romain Cros, membres du CIEN, tous deux avocats sont intervenus autour du cas d’un homme qui a saisi le tribunal de grande instance afin de faire reconnaitre son identité neutre ou inter-sexe. Apparait ici que la norme juridique est, en matière de sexe, s’appuie sur ce qui fait évidence et que le sexe n’a pas d’autre définition en termes de droit. La question du neutre ou de l’intersexe est donc désormais posée au législateur. Les règles du droit français reposent sur la binarité des sexes seuls actuellement reconnus. Le recours de cet homme devant la cour Européenne des Droits de l’Homme est de ce fait très attendu et rejoint par une autre voie toutes les questions que posent aujourd’hui la question trans.
La soirée s’est terminée avec l’exposé tout en finesse de Bérengère Nicolas, membre de l’ACF en RA, à propos du suivi en institution d’une jeune femme particulièrement fragile. C’est dans l’usage singulier du terme de dysphorie de genre dans le transfert, que ce signifiant a fait boussole pour ce sujet. Une norme mâle qui vient pour elle comme une façon nouvelle de s’appuyer un peu sur les signifiants de l’Autre.
Une soirée particulièrement enseignante grâce à l’épars des façons de construire et de faire usage de la pluralité de ce qui fait norme !
Jocelyne Huguet-Manoukian