Echo : L'apport du cartel pour la pratique

  • Soirée des cartels à Annecy
    Soirée des cartels à Annecy
  • Cartel, pratique et théorie: quels usages pouvons-nous faire du cartel, qu’est-ce que mobilise ce travail à plusieurs ?

    C’est autour de ce thème qu’une douzaine de personnes se sont réunies le jeudi 30 septembre à Annecy. Trois intervenantes: Cécile Schmitt, Maud Diederichs-Bridoux et Maï Linh Masset ont témoigné de leur expérience en tant que cartellisantes. Elles ont, chacune avec leur style, parlé de leur rencontre avec la langue de Lacan mais aussi avec celle des autres cartellisants. Elles nous ont exposé comment les concepts mis au travail dans le cartel pouvaient soutenir et accompagner leur pratique.

    Cette soirée nous a enseigné sur ce dispositif particulier qu’est le cartel, organe de l’Ecole de la Cause Freudienne, qui fait vivre une expérience unique et singulière à chaque un. Le cartel c’est une rencontre avec l’inédit, avec l’incompréhension parfois, avec la surprise et parfois avec la joie de saisir quelque chose, de ce qui se dit ou s’écrit.

    Cécile Schmitt a témoigné à partir de son vécu d’enseignante auprès d’élèves en difficultés. Elle nous a dit comment son travail en cartel la soutenait au quotidien dans sa rencontre avec des enfants qui n’adhèrent pas à un enseignement scolaire classique. Le travail en cartel a pour effet dans sa pratique de se défaire du discours du Maître et d’accepter d’être dans une position de non savoir auprès de ces enfants. Elle peut ainsi appréhender à partir de son désir, leur langue et sa logique et leur proposer une autre forme d’apprentissage.

    Travailler en cartel c’est accepter de se laisser enseigner par la langue des autres et notamment celle de Lacan, qui nous est plus ou moins familière et qui a des effets différents sur chacun.

    Le cartel c’est aussi la présence des corps et quelques-uns ont pu s’exprimer sur la difficulté, lors des confinements, à poursuivre le travail via les écrans. Maud Diederichs-Bridoux a évoqué avec humour le message affiché sur son ordinateur « votre connexion est instable » et dire ainsi sa difficulté à se connecter à la langue de Lacan.

    Mais elle a pu aussi nous dire qu’elle avait fait d’autres connexions pour appréhender les concepts théoriques lacaniens et notamment celui de l’objet a, en visionnant le film de Mariana Otéro: « A ciel ouvert ». C’est aussi à travers sa pratique en clinique psychiatrique, lors d’ateliers d’écriture qu’elle anime, qu’elle rencontre la langue des patients, qui tentent d’écrire quelque chose du réel et de la jouissance auxquels ils ont affaire.

    Maï Linh Masset a mis en mots les effets de rencontres du cartel, rencontres qu’elle écrit au pluriel et qu’elle a décliné au cours de son intervention. Je retiendrai la rencontre avec la langue de Jacques Borie, à travers son livre « le psychotique et le psychanalyste ». Elle nous a dit avoir rencontré son style, sa pratique mais aussi les concepts théoriques. « Pas de concepts sans pratiques, ni de pratique sans concepts ».

    C’est toujours à partir d’un défaut de savoir qu’une rencontre est possible et c’est de cela dont ont témoigné les trois intervenantes. Nous avons pu entendre leur désir décidé aussi bien dans le cartel que dans leur pratique.

    La soirée s’est poursuivie par une bourse aux cartels et chacun a pu faire part de son désir de continuer le travail au sein d’un cartel ou bien de s’y engager!

    Christine Marcepoil