Echo soirée ciné-psychanalyse

Echo de la soirée ciné-psychanalyse

"Les rêves dansants"  du 25/05/2023 à Lyon

Par Hélène BOCQUET

« Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch » a permis, grâce à la discussion animée par Nicole Borie et Jocelyne Huguet Manoukian, d’échanger sur ce que la danse et la mise en jeu du corps permettent, qui plus est pour des jeunes adolescents.
Le documentaire, en faisant une large part à leur parole, à leurs histoires, laisse entendre subtilement qu’il n’est pas possible de danser avec son corps sans y mettre de soi. Dans les premières répétitions, les jeunes essayent de reproduire le mouvement en se préservant, sans oser y aller, en gardant une certaine retenue, mais cela ne fonctionne pas. C’est en faisant preuve de patience et en s’appuyant sur la manière singulière de travailler de Pina Bausch qu’une transformation va s’opérer. Aller à la rencontre de ce corps, comme Autre, se l’approprier et en accepter les vulnérabilités liées à l’âge tendre de l’adolescence. Les danseurs, parce qu’ils sont jeunes, n’ont pas encore d’habillage pour leurs fragilités, ils la livrent avec honnêteté. Avec celle-ci apparait leur pudeur. C’est à partir de cette rencontre avec eux-mêmes, qu’ils vont pouvoir rencontrer l’autre, accepter d’être touchés, de se dévoiler. Certains en font l’expérience pour la première fois et témoignent d’un franchissement. Quelque chose s’est passé et ce sera un appui pour leur vie future.
Ce documentaire ne laisse pas indifférent, quelque chose se passe, on est touché, certainement parce que Pina Baush danse le non-rapport sexuel pourrait-on dire. Sa mise en scène de la rencontre hommes- femmes, dit combien ça ne fait pas rencontre, combien le fait d’être sexué va à l’encontre de cela. Pour l’illustrer, elle multiplie les gestes stéréotypés, saccadés, codifiés. En faisant, elle fait exister ce corps par une gestuelle dansée.
Il y a chez ces danseurs adolescents un sérieux et une authenticité qui surprend le spectateur et a laissé dans un premier temps la salle sans voix, avant que nous puissions tirer quelques fils grâce à nos collègues et dans l’échange avec un auditoire enthousiaste.