La langue et le symptôme

  • La langue et le symptôme
    La langue et le symptôme
  • La conférence sur le symptôme
    Eric ZULIANI


    Le titre « La langue et le symptôme » donne le ton serré d’Eric Zuliani lors de sa venue à Grenoble le 30 mars dernier dans le cadre du séminaire interne pour commenter la Conférence de Lacan sur le symptôme faite à Genève en 1975. A partir de l’expérience de la langue et de la parole, au cœur de l’expérience analytique, comme clé de lecture, il a souligné ce qui dans les propos de Lacan annonce le séminaire XX, Encore. 

  • Il nous a précisé combien le style parlé de Lacan dans ses conférences qui, à l’inverse des séminaires, n’hésite pas à traverser plusieurs thèmes sans les approfondir, est sa façon d’obtenir des déplacements par « rectification subjective » à l’adresse des psychanalystes. Façon aussi d’introduire du nouveau de Lacan contre Lacan lui-même. Ainsi la période de l’inconscient comme insu, structuré comme un langage est ici renouvelé dans son rapport à la parlotte, à « l’apparole » et met à jour l’expérience de jouissance logée dans les mots. L’homme pense et jouit avec des mots et non pas avec son cerveau. Cela n’est pas sans nous évoquer le prochain congrès PIPOL 9 à Bruxelles, en juillet prochain, « L’inconscient et le cerveau, rien en commun ». De manière vivifiante, Eric Zuliani a ponctué son intervention de nombreux exemples pris dans sa pratique auprès des enfants et des sujets autistes soulignant combien les êtres parlants dès la petite enfance abordent la réalité avec les appareils de jouissance et non pas avec ceux de la perception. Enfin avec l’introduction de ces deux mots la parlotte et la lalangue il y a aussi cette façon de parler de « la passoire par où « l’eau du langage » se trouve laisser quelques choses au passage chez l’enfant, débris, détritus, bout de langue avec lesquels « le sujet devra se débrouiller car s’y joue la coalescence de la réalité sexuelle et du langage » . Eric Zuliani avec un style vif, pénétrant, termine par ce que Lacan entend par symptôme en 75 : une façon de se débrouiller avec le bric et le broc hors sens de ce qui du symptôme deviendra synthome un peu plus tard dans l’enseignement de Lacan. Personnellement j’ai gardé de cet apport un propos précieux de Lacan souligné et développé par Eric Zuliani pour la clinique et plus particulièrement en institution : « le signe est toujours de suite happé comme intentionnel ». 
    Voilà de quoi mettre encore plus l’accent sur la jouissance et non sur la perception.

    Jocelyne Huguet Manoukian