Parents et psychanalystes pensent l'autisme

  • Parents et psychanalystes pensent l'autisme
  • « Parents et psychanalystes pensent l’autisme »

     

    est un recueil de textes issus des deux premières années de l’enseignement du CERA (1). Il recueille les questionnements actuels des psychanalystes, des parents, sur l’autisme. Cet ouvrage reflète bien le ton des matinées d’enseignement du CERA sur le mode de la conversation. Cette recherche en mouvement, épingle des méthodes, des styles, donne des repères solides, pas de dogme.

    Vous en trouverez ci-dessous trois échos.

     

    La psychanalyse à l’épreuve

    Yves-Claude Stavy dans son texte « Du style, à la méthode », part de l’hypothèse de l’autisme comme réponse à l’effet de la trace d’un signifiant sur le corps jouissant. Chez le sujet autiste, Ce S1 sinthomatique s’itère.  Repérer à la lettre la réponse symptomatique du sujet permet de « dégeler » ce signifiant, d’en évider la jouissance en excès. Le sujet peut alors multiplier les S1. Ce n’est pas sans effets.

    C’est dans un texte très intime que Valérie Gay-Corajoud narre comment avec son fils Théo, elle déjoue chaque jour l’étau terrifiant des évènements à venir dans lesquels est emprisonné Théo. C’est un équilibre infime, au bord de l’impossible, toujours à refaire. L’autiste serait comme un oiseau qui ne saurait pas voler, quelle est notre capacité à l’accepter comme tel ?

    Stéphanie Bozonnet

     

  • Une pratique poétique ?

    Jean-Robert Rabanel pose la question : quels sont les moyens de défense contre la jouissance chez les autistes ?

    Ce qui manque à l’autiste ce n’est pas la parole mais le code du langage. C’est-à-dire qu’il n’a pas recours à l’Autre, à un S2 pour se défendre de la jouissance. En s’appuyant sur la rencontre avec les enfants à Nonette, il nous invite à considérer le redoublement du S1 comme ce qui permet au sujet un traitement de la jouissance.J.R Rabanel soutient une pratique clinique singulière de « polyglotte des lalangues » à partir de la conversation hors-sens. Il apprend la langue singulière de chaque-un et rend ainsi un échange possible.

    « L’autiste interroge de manière sauvage le réel de la parole et du corps parole »(2). Cette clinique laisse centrale l’énigme de ce qui nous donne le souffle de la vie et nous écarte radicalement de la binarité de l’esprit et du corps.

    Il nous invite ainsi à laisser place à la recherche et à la découverte de la logique du cas en nous appuyant sur leurs inventions pour faire avec la vie.

    Amélie Vindret

     

    La lettre

    Dans la variété des troubles du spectre autistique, chaque sujet montre combien il est à même de tirer parti des machines qui peuplent notre monde contemporain pour traiter la marque productrice de jouissance, qu’a été pour lui la rencontre avec le langage.

    Ces machines comme « assistantes du sujet » autiste « mettent spécialement bien en valeur la multiplicité des registres que nous nommons la lettre », écrit Eric Laurent. (3)

    Ainsi, à travers les mots, les nombres, les images, la musique, le chant et les objets du quotidien le sujet autiste cherche à s’insérer dans le monde en traduisant l’impact de lalangue comme « (…) inscription de la trace de jouissance sur la surface du corps, par le mode de répétition même » (4) que lui permet la lettre.

    Gilles Biot

     

    (1)CERA : Centre D’Etudes et de Recherche sur l’Autisme

    (2) Rabanel J-R., « Une pratique de la parole hors sens », Parents et psychanalystes pensent l’autisme, Paris, Le Paon/le Champ Freudien, 2021, p. 127.

    (3). Laurent E., « Variété de la lettre et objets autistiques », Parents et psychanalystes pensent l’autisme, Paris, Le Paon/le Champ Freudien, 2021, p. 162.

    (4). Ibid., p. 172.

  • Sommaire Parents et psychanalystes pensent l'autisme
    Sommaire Parents et psychanalystes pensent l'autisme