Question d'Ecole

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    La passe une fois

    &

    Langue d'aujourd'hui langue de demain

    Samedi 21 janvier 2023 9h30-17h30

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    Cette année, Question d’École abordera deux thèmes distincts. Le matin se tiendra sous le titre « La passe une fois  » . L’après-midi nous mobilisera autour du thème « Langue d’aujourd’hui, langue de demain ».

     

    Argument

    Matin – La passe une fois

    Traversée, passage, franchissement, temps de l’éclair, les termes qui caractérisent la fin de l’analyse se réfèrent volontiers à la temporalité de l’instant. Et de fait, la fin de l’analyse relève de cette temporalité qui est aussi celle de l’acte. Elle fait ainsi événement, marque un avant et un après, et se saisit dans une certaine disruption.

    Si toute fin d’analyse n’amène pas l’analysant à la passe, celui qui s’y engage le fait, lui, dans l’élan de cette fin. Or, si l’analyse ne se termine qu’une fois, la logique veut qu’on ne fasse qu’une seule fois la passe, précisément parce que la passe est indexée à la fin de l’analyse. C’est ainsi sur cette solidarité entre l’unicité de la fin de l’analyse et l’unicité du passage dans la procédure de la passe que porteront les travaux de la matinée de notre prochaine Question d’École.

    Il est d’ailleurs à noter que si la passe une fois trouve sa logique du point de vue de l’analyse elle-même, dans la clinique analytique – en tant qu’elle fait suite et prend acte de la fin de l’analyse pour le passant –, cette unicité du passage dans le dispositif n’est pas sans conséquence sur ce qui s’y joue.

    En effet, avec la passe une fois, aucune familiarité avec le dispositif ne risque d’entamer l’expérience du passant pour qui la procédure est, et restera, teintée d’une Stimmung décidément Unheimlich. D’autre part, et corrélativement, plus qu’une quelconque complétude des énoncés que l’expérience répétée du dispositif pourrait favoriser, c’est bien plutôt l’énonciation qui y soutient les énoncés du passant qui emportera, ou pas, l’adhésion du jury. 

    Voici ainsi pointés trois pans de réflexion dont le titre de notre matinée nous invite à nous saisir. Divers travaux viendront les éclairer pour nous le 21 janvier prochain.

     

    Après-midi – Langue d’aujourd’hui, langue de demain

    Rejoindre la subjectivité de son époque est affaire de langue. Lacan le notait en évoquant la fonction d’interprète que doit avoir le psychanalyste dans « la discorde des langages1».

    Les langues ont une histoire ; elles se constituent en discours, ces derniers se trouvant ensuite relégués au profit d’autres discours. Cette conception nous permet d’éclairer la façon dont, par exemple, l’autisme, passant du discours psychiatrique à celui du handicap, se présente dorénavant comme une question de société. La transidentité peut être vue comme l’émergence d’un nouveau discours sur le sexe, à l’instar de ce que fut en 1968, le moment dit de la libération sexuelle et ses utopies. À chaque fois, après un temps de confrontation des discours antagonistes qui se joue en particulier sur le terrain de la langue, une nouvelle normalité s’instaure, étant entendu que ces discours portent essentiellement sur les modes de jouir d’une époque.

    L’après-midi de Question d’École s’intéressera donc à ces mutations de discours, selon trois axes : la clinique, le sexe et l’enfance.

    La langue clinique évolue ainsi à grande vitesse, non sans paradoxe : la dépathologisation s’appuie sur une langue censément non ségrégative, mais produit pourtant des diagnostics qui figent et n’ouvrent comme seule perspective que leur compensation. Le discours analytique, lui, fait valoir le symptôme, sa fonction, sa labilité, sa valeur d’appui pour un sujet.

    Concernant les nouvelles langues qui se déploient autour de l’affaire sexuelle, l’exemple nord-américain, où la fluidité des genres est devenue la nouvelle norme, nous invite à prendre du recul sur la discorde entre les dires sur le sexe telle qu’elle a actuellement cours en Europe, et à s’appuyer sur l’inexistence du rapport sexuel comme boussole. Parce qu’ils sont spécialement sensibles aux nouveaux signifiants, dont ceux qui pullulent dans divers guides éducatifs2, les enfants sont entre la langue d’aujourd’hui et celle de demain. L’enfance est ainsi traversée, par exemple, par les discours sur la bienveillance, l’autodétermination, l’inclusion, mais aussi par leur envers – harcèlement, soumission, exclusion.

    Lacan a pu dire que « toute langue nouvelle est une métalangue, mais comme toutes les langues nouvelles, elle se forme sur le modèle des anciennes, c’est-à-dire qu’elle est ratée3». Si certaines langues font sans doute davantage que d’autres « obstacle à l’inconscient », la psychanalyse invite à « profiter de ce que nous offre d’équivoque la langue dans laquelle nous parlons4» pour maintenir la possibilité de l’interprétation.

    • 1 Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 321.
    • 2 Nadia Geerts se faisait récemment l’écho de la sortie en Belgique du nouveau guide Evras (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) pour les 9-11 ans. On y découvre un pullulement de termes nouveaux liés à l’expression de genre : https://www.marianne.net/agora/humeurs/nadia-geerts-en-tant-que-mammiferes-nous-sommes-males-ou-femelles-et-pas-males-femelles-ou-intersexes.
    • 3 Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’Une-bévue s’aile à mourre », leçon du 8 mars 1977, inédit.
    • 4 Ibid., leçon du 11 janvier 1977.