QUESTION D'ECOLE

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  • Cette année, Question d’École abordera deux thèmes distincts, mais pas sans rapport. La matinée se tiendra sous le titre : « La passe et l’interprétation de l’École ». Lacan, introduisant la passe1, fait porter l’accent sur « le psychanalyste de l’École ». De l’École, disons qu’elle se distingue d’une « société » psychanalytique, et notons que le de fait entendre son équivoque. Lacan explicite ce choix d’École : « Il peut y avoir un enjeu, qui pour certains vaille au point de leur être essentiel, et c’est mon enseignement.» Ce choix, nous l’assumons aujourd’hui: l’École de Lacan, c’est l’École de la passe où, depuis le début de son enseignement, existe pour l’analysant une fin de partie dont on peut rendre compte dans la procédure de la passe. Une simplicité du principe – le mieux à même de témoigner de son expérience est l’ana- lysant lui-même –, côtoie une procédure qui fait de l’AE l’analyste de l’expérience de l’École. D’où la réinvention continuelle de la passe qui vise à préserver le réel en jeu. La conception de la fin d’une analyse varie selon les moments de l’enseignement de Lacan : Jacques-Alain Miller a su les expliciter, jusqu’au dernier enseignement de Lacan, introduisant en 2011 la notion d’outrepasse et la réduction au sinthome au-delà de la traversée du fantasme. Où en sommes-nous dix ans plus tard ? Il a récemment pu dire que le psychanalyste n’avait pas à se taire dans le débat public. Quid de la fonction de l’AE dans cette perspective ? Le fonctionnement de la passe sera examiné par son collège dans les premiers jours de janvier. La matinée sera l’occasion d’un retour du collège de la passe.

    L’après-midi nous mobilisera autour d’un dit de Lacan, « Tout le monde est fou »afin d’explorer la dépathologisation de la clinique. J.-A. Miller soulignait récemmentla puissance du phénomène, indiquant que la substitution d’un sujet de droit au sujet de l’inconscient menace l’interprétation, et nous invitant à explorer ce champ de réflexion et de travail.

    Prendre au sérieux l’énoncé de Lacan permet de suivre un triple fil dans l’enseignement de Lacan. Celui de la folie d’abord, terme du début de son enseignement qui reste présent jusqu’à la fin, dans les questions qu’il pose avec Joyce. Il excède celui de « psychose » et subvertit la distinction entre cette dernière et la névrose. À la question Qu’est-ce qu’un fou ?, Lacan répond : Quelqu’un de parfaitement normalMais alors, Comment peut-on n’être pas fou ? Comment se répercute cette conception de la folie dans nos pratiques ? Vient ensuite le fil d’une conception renouvelée du langage centrée sur deux questions : comment toucher au réel avec des mots ? Comment faire avec le langage et sa pente spontanée au délire ? Une perspective si l’on distingue délire, débilité et duperie. Troisième fil, enfin : le discours analytique participe à sa façon à une dépathologisation ; comment joue-t-elle, alors, sa partie avec les nouvelles formes de ségrégation ?

    J.-A. Miller dit que cet énoncé est comme un condensé du tout dernier enseignement de Lacan4. La folie, entre semblant et réel, se lit sur fond d’une « psychanalyse liquide » qu’il introduit dans ce Cours. Dès lors, une question commune au matin et à l’après-midi se dessine : que deviennent les solides de la structure ?

    1. Cf. Lacan J., « Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 243-259.

    2. Miller J.-A., « Conversation d’actualité avec l’École espagnole du Champ freudien », La Cause du désir, n°108, juillet 2021, p. 37 & sq.

    3. Miller J.-A., « Enseignements de la présentation de malades », La Conversation d’Arcachon, Paris, Agalma, 1997, p. 285-304.

    4. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Tout le monde est fou », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours des 12 mars & 28 mai 2008, inédit.