Soirée préparation J52 : Faire exister l’inconscient, y consentir

  • Soirée de préparation aux J52 - Lyon
    Soirée de préparation aux J52 - Lyon
  • Soirée de préparation aux J52

    Mardi 18 octobre 2022 à 21h

    CPCT - 84 rue de Marseille 69007 Lyon

    Entrée libre sur inscription

     

    Faire exister l'inconscient et interpréter relèvent de l'acte de l'analyste. L'expérience analytique engendre la possibilité d'interpréter ce qui arrive au sujet du point de vue de son désir et de sa jouissance, mais nécessite son consentement à l'interprétation. A l'heure actuelle, « les modernes » selon l'expression choisie d'Eric Marty n'envisagent pas d'être entendus au delà de ce qu'ils disent, souvent ils nient, voir dénient l'existence de l'inconscient. « L'inconscient démontre (…) que la parole est obscurantiste » nous enseigne Lacan, c'est à dire que cet obscurantisme implique d'être éprouvé comme une possibilité d'entendre autrement ce que je croyais dire depuis une intention que je pensais claire. Cela implique de consentir à ce déplacement, selon lequel ma propre parole me conduit à me rencontrer là où je ne savais pas que j'étais. La posture contemporaine qui dénie à la parole ce noyau d'obscurité est aussi une posture qui croit dans la transparence possible à soi-même et donc a à voir avec un rejet de l'inconscient. Ainsi, les « modernes » qui ne dérogent pas au « je suis ce que je dis », au « ce que je dis ne veut rien dire d'autre que ce que je dis » est une façon d'affirmer qu'il n'y a aucun « vouloir dire » qui m'échappe, « Certains ne répondent pas à cette mobilisation de l'inconscient »[1] indique Jacques-Alain Miller. Il s'agit alors pour l 'analyste de faire entrevoir l'inconscient ou de border la place de l'inconscient qu'il n'y a pas. Faire exister l'inconscient est possible à condition de consentir à ce que dans ce que je dis, je ne suis pas ce que je dis, il y a un écart et donc je ne sais pas ce que je dis. Il y a un au-delà, un non-su à ce que je dis qu'il est possible d'appréhender avec l'appui du transfert, avec la présence de l'analyste mais aussi avec l'interprétation. Mais l'interprétation en psychanalyse n'est possible que s'il y a un consentement du sujet à l'interprétation, un consentement au non-savoir, supposant une forme de desaisissement de soi sous l'effet du transfert. Faire entrevoir les manifestations de l'inconscient, cet au-delà du dire nécessite l'acte de l'analyste , « Le statut de l'inconscient (…) est éthique (…). Quoi qu'il en soit, il faut y aller – parce que quelque part, cet inconscient se montre »[2] souligne Lacan. Ainsi, l'analyste interprétera les paroles du sujet en déplaçant, en faisant résonner un signifiant, en relevant l'achoppement d'un autre, en répétant, en surlignant, en s'abstenant par le silence, en coupant et scandant la séance. Parfois un rien suffit dans la praxis pour attraper l'inconscient : un mot, une lettre, soit une petite différence.

    Cette soirée, sous les auspices du thème des 52ièmes journées, nous permettra d'échanger avec Nicole Borie et nos deux collègues : Hélène Bocquet et Adèle Geoffroy qui déploieront leur façon très singulière de manoeuvrer dans leur pratique clinique selon l'éthique psychanalytique dont Jacques Borie précisait : « Dire que le sujet a à en répondre est une façon de poser comme il convient l'éthique de la psychanalyse, l'éthique comme responsabilité d'un dire à venir »[3].

     

    [1]   Miller J.-A., « Uforca, Cinq remarques au cas présenté par Nathalie Crame », L'Hebdo-blog n°276, 3 juillet 2022.

    [2]   Lacan J., Le séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 2001, p.34.

    [3]   Borie J., « Traumatisme, destin et choix », Quarto n°77, p.74.